Catégories / Analyse / L’Union européenne reporte encore la protection des enfants face aux abus sexuels en ligne

Photo en couleur d'un banc d'école où une fiche et un feutre bleu sont posé dessus avec en arrière-plan d'autres banc d'école et des personnes. Sur l'image est inclus le logo d'ECLAG en haut à gauche avec comme légende "Une salle de classe VIDE  pour représenter les enfants victimes d'abus sexuels" en haut à droite et en bas à droite se trouve la localisation du rond-point Schuman en vert

Crédits: DEI/ECPAT Belgique

Alors que les abus sexuels en ligne sur les enfants explosent, l’Union européenne continue de repousser l’adoption du Child Sexual Abuse Regulation (CSAR). Une réforme pourtant essentielle pour mieux prévenir, détecter et sanctionner ces crimes. Ce lundi 13 octobre 2025, DEI/ECPAT Belgique a participé à une action pour interpeller les décideurs européens avant le vote du texte, aux côtés de la coalition ECLAG (European Child Sexual Abuse Legislation Advocacy Group). Mais une fois encore, le vote a été reporté : une 48ᵉ réunion sans décision concrète, après trois ans d’attente.

Qu’est-ce que le Child Sexual Abuse Regulation (CSAR)?

Le Child Sexual Abuse Regulation (trad. : Réglementation Relative aux Abus Sexuels sur Enfants) est une proposition de réglementation de la Commission Européenne pour prévenir et combattre les abus sexuels sur enfants. Elle prévoit notamment : 

  • L’obligation, et non plus la démarche volontaire, pour les plateformes de détecter, signaler et supprimer les contenus pédocriminels ; 
  • Une définition harmonisée des abus sexuels, incluant les contenus créés par intelligence artificielle et deepfakes ;
  • Le renforcement du soutien aux victimes et la création d’un Centre européen de prévention et de détection ;
  • Une approche coordonnée à l’échelle de l’UE pour soutenir les enquêtes et prévenir le grooming en ligne.

En 2024, 62 % des contenus pédocriminels signalés provenaient de serveurs situés dans l’Union européenne (IWF, 2024). Ce chiffre souligne l’urgence d’une action commune et efficace. 

Quel système le CSAR utilisera-t-il ?

Aujourd’hui, la plupart des plateformes utilisent le cryptage de bout en bout, qui empêche toute autorité — même judiciaire — d’accéder aux messages privés.
Le Child Sexual Abuse Regulation (CSAR) propose un système de détection ciblée, autorisé par une autorité judiciaire, pour identifier les contenus suspectés d’abus sexuels sur enfants. Concrètement, les fichiers seraient scannés avant leur cryptage, afin de vérifier s’ils correspondent à des éléments déjà connus de CSAM (Child Sexual Abuse Material).

Protection retardée = Protection refusée 

Tant que la réforme reste bloquée, les enfants sont toujours exposés à des risques en ligne. Ils manqueront encore d’un soutien spécialisé et probablement, pas une justice adéquate puisque les lois nationales restent inégales, compliquant alors les enquêtes de police.
Dans une société en constante évolution, chaque retard rend la lutte plus difficile. Plus nous attendons, plus ces dispositifs de protection deviennent complexes et plus performantes. Il est temps de placer la protection des enfants au cœur des décisions européennes !


Sources